Après les heures grises
Skriber | Chanson française
Certains l’appellent Madame Croze. Et pour cause, inutile de le dissimuler : ils sont amoureux d’elle. De son écriture, de sa voix, de ses mélodies, depuis ses débuts. Pour eux, elle fait – déjà – partie des grands noms de la chanson française. Autrement dit, ceux qui laissent leur empreinte à travers son histoire.
Skriber a eu le privilège de disposer d’un temps avec elle. Son point d’orgue : l’évocation de son tout dernier album Après les heures grises, sorti le 8 octobre 2021. Et pour y parvenir, on lui a proposé une série de questions articulées autour de certaines de ses plus belles chansons. Rencontre avec Pauline Croze.
“Je vois la société comme un miroir brisé en plusieurs petits morceaux dans lesquels les gens se reflètent, mais pas vraiment en définitive.”
“Déconstruire une histoire prend bien du temps. On s’élance, on repart comme galope un pur-sang. On pose de côté c’qui nous faisait du tort, on retrouve le désir de séduire et le goût de l’effort.” Ces quelques paroles sont celles de votre chanson inédite Nuit d’errance. Elles suffisent souvent à se recentrer et à cheminer vers son essentiel et son sens. D’après vous, que manque-t-il aux gens, au-delà du temps, pour reconquérir cette voie vers eux-mêmes ?
Pauline Croze : Ce n’est pas une question évidente. Peut-être qu’ils manquent de confiance en eux. En même temps, je pense que les gens sont trop divisés, en eux et entre eux. Je vois la société comme un miroir brisé en plusieurs petits morceaux dans lesquels les gens se reflètent, mais pas vraiment en définitive. Il y a aussi cette idée d’image déformée […] Ce qu’on montre aux autres alors que ce n’est pas vraiment ce qu’on vit. Tout ça parce qu’il faut montrer des choses brillantes, les aspects les plus “vendeurs” de sa personnalité. Mais on ne vit pas toujours des moments souriants qui font rêver. De fait, on ne veut plus être des “supports” véhiculant des choses qui ne sont pas nous. On ne veut plus se laisser manipuler par les réseaux et/ou manipuler les autres avec. Ce n’est pas sain de se scruter, de se guetter ainsi comme le font les jeunes. À tout montrer, tout voir et tout dire, on finit par aboutir à une société très impudique. le mystère et le sacré n’existent plus.